Nous avons été voisines quelques années, sans que je le sache. Dans le haut des Eaux-Vives. 300 mètres à vol d’oiseau. Quelques années, avant son départ pour Genthod, sa dernière demeure où l’on ne savait rien ou si peu de celle qui avait choisi son nom, où l’on ne savait rien de l’écrivain Alice Rivaz.
Là, on l’a appelée par son nom d’avant la vie qu’elle s’était écrite. Au cimetière des Rois où elle est enterrée, Sylviane Dupuis a dû insister pour que sur le répertoire des défunts, elle figurât sous le nom qu’elle s’était choisi et sous lequel on la connaissait comme auteure, sous lequel elle se reconnaissait. Là aussi, on ne pouvait la trouver que sous le nom qu’elle avait porté avant que sa vie ne commence. Sur la pierre tombale qui surmonte sa sépulture, oui, tout de même : Alice Rivaz.
Et une date inscrite à la suite de la première, avec « le petit tiret qui l’en sépare, c’est tout ce qui rappellera aux autres notre vie désormais ». Les morts sont les morts, devenus génériques leurs voix se sont tues. Porter leurs noms à nos lèvres, les murmurer, et puis les lire lorsqu’ils nous ont laissé leur prose, et là… ! C’est un autre silence qu’il nous est donné d’entendre.
– Alice… Alice Rivaz…
Grâce au POCHE /GVE, j’ai passé mon été 2021 avec elle : Sans Alcool et autres nouvelles, récits, documents audios, et un Plan-Fixe qui lui est consacré.
Puis dans la foulée, j’ai rencontré Marianne Dyens, la cocuratrice de l’exposition Alice Rivaz. Présence des femmes au palais Rumine, à Lausanne, et présidente du jeune Prix Alice Rivaz, décerné cette année, dans les murs du Collège Alice Rivaz, à Sylvia Ricci Lempen pour Les Rêves d’Anna.
Nathalie et aussi Rosangela. Aurélien Gamboni et son « Tiret ».
Et d’autres amoureuses, d’autres curieuses, sur le chemin d’Alice Rivaz.
Le 7 mars, vous ? Vous serez là ?
// Au plus profond et secret de moi-même, ne suis-je pas tous les autres ? //