C’est une écriture qui m’accompagne depuis longtemps. C’est un livre qui m’accompagne depuis longtemps.
C’est l‘ouvrage Écrire de Marguerite Duras. Comme une évidence. Un partenaire précieux. Une alliance. Ce sont ces mots, qui disent qu’écrire a à voir avec la solitude, avec la mort, et avec le temps.
Duras, je l’ai rencontrée en travaillant sur un spectacle monté par Marc Liebens au GRÜ/transthéâtre Genève (Les théâtres de Marguerite Duras, 2012) et elle ne m’a plus quittée. J’ai appris à la découvrir livres après livres. Étonnamment, ce qu’elle dit de l’écriture me parle à moi de théâtre, de ce que je ressens en tant que comédienne, dans cette relation de l’interprète au silence, à l’absence, et à l’inconnu. De nombreux passages de son texte me rappellent à la virginité essentielle, l’importance de ne rien savoir à l’avance…
// Écrire c’est l’inconnu. Avant d’écrire on ne sait rien de ce qu’on a à écrire. Et en toute lucidité. C’est l’inconnu de soi, de sa tête, de son corps. Ce n’est même pas une réflexion, écrire, c’est une sorte de faculté qu’on a à côté de sa personne, parallèlement à elle-même, d’une autre personne qui apparaît et qui avance, invisible, douée de pensée, de colère, et qui quelquefois, de son propre fait, est en danger d’en perdre la vie. Si on savait quelque chose de ce qu’on va écrire, avant de le faire, avant d’écrire, on n’écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine. //