Un bar dans un hôtel feutré, un bar aux courants d’air récurrents, à Tokyo. Miriam use le velours des banquettes et s’agite dans ce lieu déserté, virevolte dans cet espace où le temps n’a pas prise, loin du chaos des klaxons de la mégalopole, fantasme sous les lumières tamisées à une sortie d’impasse. Elle rêve à un grand paquebot blanc qui emmènerait son mari, le peintre qui abime leur chambre à force de térébenthine, qui a perdu l’inspiration, qui a peur d’être seul, un paquebot salvateur qui l’emmènerait loin, lui, loin d’elle. Elle rêve à Kyoto, aux pagodes de Kyoto, aux cerisiers de Kyoto. Elle rêve que son charme, arrogant, bouillant, impertinent d’héroïne qui a tout vu, fasse de l’effet à un barman placide, tout en jambes, pas très doué en cocktails verts, et fiancé, et fidèle. Miriam est dans l’attente de.